#14 Journal de lecture
Mon quotidien de lectrice : lectures, notes, réflexions et passages en librairies (mai 2025)
Hello, moi c’est Emy, créatrice passionnée de lecture, d’écriture et d’illustration.
Sur Comfy Café, j’essaie d’allier mes trois passions en vous proposant chaque semaine un post autour de mon activité d’illustratrice, ma vie de lectrice, mes réflexions, mes voyages ou encore mes découvertes en tous genres.
Cette semaine, installez-vous confortablement et découvrez la dernière édition de mon journal de lecture. Pour les précédentes éditions et d’autres posts littéraires, rendez-vous ici.
Bonne lecture !
NB: les titres des livres sont cités en anglais lorsque je les ai lus en version originale. Si une version française existe, vous y serez renvoyés en cliquant sur le titre.
Certaines citations en anglais renvoient en bas de page à leurs traductions françaises (lorsque celles-ci existent et que j’ai pu les emprunter).
13 mai - Café du matin
Je commence The Secret Garden de Frances Hodgson Burnett. Un classique de la littérature jeunesse qui m’a toujours fait très envie mais que je n’ai jamais lu jusqu’à aujourd’hui.
Une part de moi aimerait avoir une carrière de lectrice exemplaire, et avoir lu tous les incontournables de la littérature. D’être well-read, comme disent les anglo-saxons. Mais une autre part de moi est très reconnaissante de pouvoir encore découvrir ces textes aujourd’hui, de les lire avec mon bagage littéraire existant et imparfait, mais unique. Je les savoure, prends le temps de noter les passages que je trouve beaux. C’est une autre lecture que celle que j’aurais faite enfant, adolescente ou jeune adulte. Sans doute plus riche, mais à laquelle je n’attacherais pas la nostalgie de l’enfance. La nostalgie viendra plus tard, et elle me fera me souvenir avec tendresse de ce printemps où l’écriture et la lecture ont réintégré mon quotidien, où l’espoir de faire de cet espace d’expression une ancre dans mes velléités créatives guidait doucement mes pas vers ce qui sera. Je digresse…
15 mai - Fin de matinée
Hier, cela a fait 100 ans que le roman Mrs Dalloway de Virginia Woolf est sorti. Il est peut-être temps de le lire?
De Virginia Woolf, je n’ai lu que A room of one’s own. Si l’autrice et l’univers qui gravite autour d’elle me fascinent, je dois avouer qu’elle m’intimide un peu. Dernièrement, j’ai ramené de la librairie Un roman à écrire & autres nouvelles, un titre de la collection Folio 2/3€. Je me suis dit que c’était sans doute une bonne façon d’aborder son oeuvre.
16 mai - fin d’après-midi
Le début de The Secret Garden me captive complètement. Je m’étonne d’être aussi passionnée par une histoire que je connais pourtant déjà. Sans doute le propre des livres qui traversent les années, et qui parviennent toujours à nous emporter plus d’un siècle après leur publication (il a été publié pour la première fois en 1911). J’aime l’écriture et la manière qu’a l’autrice d’amener les choses, avec bienveillance mais sans mièvrerie.
Je ne suis pour l’instant qu’au premier quart du roman, mais je suis déjà touchée de voir Mary se révéler, alors qu’elle découvre peu à peu ce que c’est d’être une enfant dans l’Angleterre du début du 20e. Mary est née en Inde et y a vécu ses premières années. Suite au décès de ses parents, elle rejoint son oncle dans le Yorkshire, à Misselthwaite Manor. La vie y est bien différente.
L’éducation qu’a connue Mary jusque là l’a rendue capricieuse et contrariante, et surtout très passive. Alors qu’elle arpente les jardins et la lande, elle se reconnecte peu à peu à ses émotions et son instinct ainsi qu’aux plaisirs simples de l’enfance. C’est la curiosité qui guide désormais ses explorations et nous fait découvrir les environs de Misselthwaite Manor et ses habitants.
“After that she opened more doors and more. She saw so many rooms that she became quite tired and began to think there must be a hundred, though she had not counted them. In all of them there were old pictures or old tapestries with strange scenes worked on them.
There were curious pieces of furniture and curious ornaments in nearly all of them.”
(Chapitre 6, p.68)1
Parmi eux, Martha, la jeune servante chargée de s’occuper de Mary. Dickon, le jeune frère de Martha dont celle-ci n’a de cesse de vanter le lien très étroit qu’il entretient avec les animaux. Ben, le vieux jardinier a quant à lui noué une amitié atypique avec un rouge-gorge facétieux,… Grâce à eux, le caractère de Mary s’améliore, elle s’ouvre aux autres.
“At that moment a very good thing was happening to her. Four good things had happened to her, in fact, since she came to Misselthwaite Manor. She had felt as if she had understood a robin and that he had understood her; she had run in the wind until her blood had grown warm; she had been healthily hungry for the first time in her life; and she had found out what it was to be sorry for someone. She was getting on.”
(Chapitre 5, p.59)2
Son esprit et son imagination en berne renaissent au fur et à mesure que son corps se renforce, confronté quotidiennement aux éléments d’un hiver dans le Yorkshire et à la découverte du plaisir simple du jardinage et de la corde à sauter. Un passage qui ravive d’ailleurs des souvenirs d’enfance.
Tout comme Mary, j’ai très hâte de trouver la porte de ce mystérieux jardin emmuré et de l’ouvrir en sa compagnie.
“Living, as it were, all by herself in a house with a hundred mysteriously closed rooms and having nothing whatever to do to amuse herself, had set her inactive brain to work and was actually awakening her imagination.
There is no doubt that the fresh, strong, pure air from the moor had a great deal to do with it. Just as it had given her an appetite, and fighting with the wind had stirred her blood, so the same things had stirred in her mind. In India she had always been too hot and languid and weak to care much about anything, but in this place she was beginning to care and to want to do new things.
Already she felt less contrary, though she did not know why.”
(Chapitre 8, p.82)3
L’année dernière à la même période, je lisais The making of a marchioness de la même autrice. J’y repense avec nostalgie. J’étais alors en voyage en Ecosse et je me souviens de plusieurs moments de lecture passés à la merveilleuse librairie Blackwell’s d’Edimbourg. J’avais beaucoup aimé ce roman.
17 mai - Café du matin
Comme je le disais quelque part dans mon journal d’avril, les rouge-gorges sont bel et bien des créatures magiques ! L’expérience de Mary dans The Secret Garden le confirme pleinement !
“She heard a chirp and a twitter, and when she looked at the bare flower-bed at her left side there he was hopping about and pretending to peck things out of the earth to persuade her that he had not followed her. But she knew he had followed her, and the surprise so filled her with delight that she almost trembled a little.
‘You do remember me!' she cried. 'You do! You are prettier than anything else in the world!' She chirped, and talked, and coaxed and he hopped and flirted his tail and twittered. It was as if he were talking. His red waistcoat was like satin, and he puffed his tiny breast out and was so fine and so grand and so pretty that it was really as if he were showing her how important and like a human person a robin could be.”
(Chapitre 7, p.79)4
Le roman commence en hiver, une temporalité qui évoque parfaitement la situation dans laquelle se trouvent les personnages de Mary et Colin au début du roman, placés dans l’attente infinie d’un printemps qui ne semble jamais venir, un printemps emprisonné dans le jardin…
Une autre page cornée qui évoque les ciels du Yorkshire :
“The rain-storm had ended and the grey mist and clouds had been swept away in the night by the wind.
The wind itself had ceased and a brilliant, deep blue sky arched high over the moorland. Never, never had Mary dreamed of a sky so blue. In India skies were hot and blazing; this was of a deep, cool blue, which almost seemed to sparkle like the waters of some lovely, bottomless lake, and here and there, high, high in the arched blueness, floated small clouds of snow-white fleece.”
(Chapitre 7, p.72)5
18 mai - Soir
Mary découvre le jardin secret. Je pourrais lire et relire infiniment ce passage :
“It was the sweetest, most mysterious-looking place anyone could imagine. The high walls which shut it in were covered with the leafless stems of climbing roses, which were so thick that they were matted together.
Mary Lennox knew they were roses because she had seen a great many roses in India. All the ground was covered with grass of a wintry brown, and out of it grew clumps of bushes which were surely rose-bushes if they were alive. There were numbers of standard roses which had so spread their branches that they were like little trees. There were other trees in the garden, and one of the things which made the place look strangest and loveliest was that climbing roses had run all over them and swung down long tendrils which made light swaying curtains, and here and there they had caught at each other or at a far-reaching branch and had crept from one tree to another and made lovely bridges of themselves. There were neither leaves nor roses on them now, and Mary did not know whether they were dead or alive, but their thin grey or brown branches and sprays looked like a sort of hazy mantle spreading over everything, walls, and trees, and even brown grass, where they had fallen from their fastenings and run along the ground. It was this hazy tangle from tree to tree which made it look so mysterious. Mary had thought it must be different from other gardens which had not been left all by themselves so long; and, indeed, it was different from any other place she had ever seen in her life.
‘How still it is' she whispered. 'How still!’”
(Premières lignes du chapitre 9, pp.93-94)6
21 mai - Café du matin
J’ai repris et terminé Spring de Michael Morpurgo, commencé en avril.
Après s’être langui du printemps durant le mois d’avril, l’auteur observe l’arrivée du mois de mai et attend avec impatience le retour des hirondelles. L’auteur partage une anecdote relative à un garage construit dans le jardin pour abriter une voiture, et poursuit en expliquant comment celui-ci a été réquisitionné par les hirondelles qui ont décidé d’y installer leurs nids !
“Ten years ago we put up the garage in the garden, not for them, but for a car. But because of the swallows, we now never use it for the car and we don't shut the doors of the garage. We leave the doors open for them.
When the swallows first came, they took us by surprise. They just arrived one spring ten years ago and claimed their place, making the garage their own. They simply set about building their nests, and that was even before the building of the garage was finished. It is very expensive accommodation for them, but it's been worth every penny to have them living with us.
The arrival of the first swallow is always eagerly awaited. Some wish-fulfilling has already happened. You can't mistake the graceful flight of a swallow. They slice through the air, they weave about the sky, the constant weaving, I suspect, a natural defence tactic to avoid the hawks. They skim, they soar, they swoop, often screeching for joy as they fly. You feel their pleasure in flying. They are supreme acrobats.”
(pp. 85-86)
Spring est une lecture qui me procure de la nostalgie et de l’espoir. On y trouve aussi beaucoup d’humour, au travers d’anecdotes ou des poèmes espiègles de l’auteur. J’aime me perdre dans les descriptions de la nature et la vie sauvage d’un printemps anglais.
Pour l’auteur, le printemps est une saison très importante. Il refuse de le considérer comme un “prologue” de l’été. Le printemps est la partie de l’année formative du cycle de la vie, tout comme l'adolescence à laquelle il compare la saison.
“There's a temptation to think of this time of year as a kind of interval between winter and summer. It's not. It's like saying that youth is simply a prelude of age. Yes, young people might be impatient to grow up and become adults. And yes, each year we are impatient for summer to be here. But to be strong and fulfilled in life, young people must have time and space for growth, to be encouraged to grow into knowledge and understanding and awareness of the world about them and of themselves and of the part they can play in it. That growing period is not to be rushed through. It is, like spring, the most formative part of new life, not a mere prologue.”
(p. 134)
Mais lorsque l’on peut boire le thé dehors, c’est le signe que l’été est bel et bien arrivé, et qu’il est déjà temps pour cette charmante lecture de s’achever… J’espère qu’il sera traduit en français au printemps prochain pour pouvoir l’offrir aux amoureux de la nature de mon entourage.
Un dernier passage qui parle de la campagne du Devon :
“We were having a cup of tea outside. I had to wear my hat, the sun was that strong. We were sitting there, looking out towards Dartmoor, and thinking aloud how lucky we were to be alive, to be living here. Between us and Dartmoor there is a wide valley of fields and trees, with the Okement river running through, hidden now that most of the trees are in full leaf.
Some might think of the landscape as rather under-stated. Painters, and some tourists, might prefer the dramatic mountains of Wales, or the splendid hills and glens of the Scottish Borders, or the lakes of the Highlands, or the glorious coastline of Cornwall. Ours is a comparatively unknown corner of England. There are few visitors, few holiday homes, and we are miles and miles from a main road. It's an inconvenient place. But that's the joy of it, the peace and quiet.
Drinking our tea, with a 180-degree view of Dartmoor fifteen miles away, we can count only two small houses in the distance. The countryside is much as it must have been a thousand and more years ago. It's a man-made landscape, the forests cut down and the hedges built by our Bronze Age forebears. They judiciously chose to settle here where it was remote and therefore safe, where water was plentiful, where the rivers ran through, for themselves and their animals. Later generations built the church and village of Iddesleigh, making tracks and roads, and planting trees. The city children were the last to do this, not that long ago. Like the farmers before them, they've left their mark, each tree a contribution to the future of the whole.”
(pp.142-143)
Intriguée à l’idée de savoir si une suite consacrée à l’été était envisagée, j’ai fait quelques recherches. Spring, “l’histoire d’une saison”, est bien le premier volet d’une série consacrée aux saisons, mais ce n’est pas Michael Morpurgo qui écrira les saisons suivantes, ce sont Bernardine Evaristo, Kate Mosse et Val McDermid qui poursuivront. En revanche, je ne sais pas qui écrira sur quoi. Lors de mes recherches, je suis tombée sur une vidéo de Michael Morpurgo présentant son récit saisonnier. Il en parle avec beaucoup de poésie.
19 mai - Fin d’après-midi
Reçus ce jour :
Ma poésie de Louise Colet et Divorcée d’Ursula Parot, deux ouvrages précommandés aux Éditions Honorine.
A Bookseller’s war de Heywood et Anne Hill, trouvé d’occasion en ligne. Il s’agit d’un recueil des lettres échangées entre Heywood et sa femme Anne alors que celle-ci reprend la gestion de la librairie de son mari suite à sa mobilisation lors de la 2nd Guerre Mondiale. Elle est aidée dans la tâche par la célèbre Nancy Mitford. Ce doit être passionnant!
22 mai - Infusion du soir
Il y a quelques jours, j’ai repris ma relecture de Miss Buncle’s book de DE Stevenson, commencée le mois dernier (Journal de lecture d’avril - entrées des 8 et 18 avril). Je viens tout juste de le terminer.
Hier matin, j’ai eu le plaisir de lire la scène de réunion organisée par Mrs Featherstone Hogg, complètement obsédée à l’idée de trouver qui est l’auteur du fameux roman qui passe au grill la société de Silverstream. Cette scène, tout comme l’ensemble du livre, est un petit bijou d’écriture. En la lisant, j’avais un peu l’impression d’assister à une réunion citoyenne à Stars Hollow. L’intrigue du roman aurait d’ailleurs fait une excellente intrigue d’épisode !
Lire Miss Buncle’s Book, c’est un peu comme jouer à une édition spéciale “village anglais des années 30” des Sims (je pense qu’on tient un concept !). Les personnages vont et viennent, complotent, enquêtent et jasent comme bon leur semble, n’appréciant que très moyennement d’avoir été placés dans ce jeu géant bousculant leur image et le statut qu’ils occupent dans leur village.
Au début, c’est très drôle à observer pour Barbara Buncle, l’autrice du roman que les habitants de Silverstream tentent désespérément de démasquer. Elle s’en inspire d’ailleurs pour l’écriture de son second roman. Mais les manigances de certains prennent ensuite des proportions qui échappent au bon sens, alors elle décide de révéler son identité. Seul bémol, personne ne la croit… Poor Barbara !
Une lecture délicieuse, drôle et très fine dans la manière de percevoir la nature humaine et le fonctionnement d’une micro-société. Une comédie de moeurs cosy et so British comme je les aime. Je me réserverai peut-être la lecture de la suite pour cet été.
24 mai - Fin de journée
J’avance toujours dans The secret garden. Je suis maintenant dans la deuxième moitié du roman et il me charme toujours autant. Comme je connais déjà l’histoire, je me concentre sur les petits détails. Je m’attarde et relis certaines descriptions.
“Enchanteresse”, c’est l’adjectif qui m’est sans doute le plus revenu en tête lorsque je cherchais à qualifier ma lecture. Ce mot me rappelle toujours le film “Vous avez un message”. C’est le mot qu’emprunte Joe Fox à son grand-père pour décrire la maman de Kathleen Kelly lors de leur première rencontre à la librairie de celle-ci. Je suis certaine que The secret garden figurait en bonne place dans les recommandations de la librairie.
28 mai - Café du matin
Hier soir, j’ai assisté à un concert de Bruce Springsteen. C’était génial. J’y allais avec une amie et plus tôt dans la journée, nous sommes passées en librairie. Beaucoup de tentations et de jolies surprises!
Initialement, j’y allais pour me trouver le tome 2 de Francoeur de Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail dont j’ai adoré le tome 1, ainsi que Hyper, le nouveau roman d’Emilie Chazérand dont j’aime énormément la plume. J’ai souvent envie de relire La fourmi rouge, d’ailleurs. Annie au milieu était lui aussi excellent.
En plus de ces deux titres, je suis repartie avec Soeurs d’un été de Judy Blume. J’avais noté ce titre lors de ma lecture de My Salinger year en début d’année. C’est un roman ado/jeune adulte que l’autrice découvre dans le cadre de son travail à l’agence littéraire, j’avais été intriguée par la manière dont elle en avait parlé. Une coïncidence heureuse donc que cette republication, surtout compte-tenu de la longue bibliographie de Judy Blume.
J’ai aussi craqué pour La méridienne de Marghanita Laski, un roman vintage. Tout comme Les soeurs Field, il s’agit d’une traduction d’un roman figurant au catalogue de la maison d’édition Persephone Books. Toujours un garant de qualité selon moi. La couverture n’est pas très belle, mais je m’en accommoderai. Je pense que je me le réserverai pour la saison automnale.
29 mai - Café du matin
J’aime quand mes lectures se répondent, et étonnamment, les passages avec le jardinier Ben Weatherstaff (quel nom parfait pour un jardinier !) me font penser au roman Le jardin sur la mer de Mercè Rodoreda lu en mars dernier. Pas tellement pour l’histoire, mais pour la figure du jardinier. Le jardinier en littérature est-il toujours le gardien des secrets? Il semble incarner la voix de la sagesse. Une force tranquille souvent à part du reste du personnel de maison, qui observe et analyse. De nature taiseuse, il invite à la confidence.
30 mai - Pause midi
Ce matin, j’ai terminé The secret garden.
Les landes du Yorkshire semblent détenir un pouvoir spécial, celui d’appeler au loin une personne lorsque sa présence est requise. Cela se passe à la fin de Jane Eyre, lorsque Rochester appelle Jane. C’est ce qui se passe aussi ici pour Archibald Craven le père de Colin et l’oncle de Mary qui se tient souvent éloigné de Misselthwaite car l’endroit lui rappelle trop la mauvaise santé de son fils et la mort de sa femme. Je ne sais pas si c’est une coïncidence, un clin d’oeil à Jane Eyre, ou si cet élément est également présent dans d’autres romans. Peut-être que cela fait-il partie du folklore local ? Il faudrait que j’investigue. Quand bien même aucune connexion n’est à établir, ce passage m’a rappelé l’un de mes romans préférés, et ça m’a fait sourire.
Je n’ai pas grand chose à dire de plus que ce que j’ai déjà écrit dans ce journal concernant cette lecture. Je l’ai trouvée absolument merveilleuse. Maintenant que la dernière page du livre est tournée, je l’affirme à nouveau, c’est une lecture tout ce qu’il y a de plus enchanteresse.
L’intrigue est simple, on y rencontre de beaux personnages, plutôt complexes d’ailleurs pour des enfants, qui apprennent à revivre et à renouer avec ce qui est important grâce à l’amitié nouée autour de la découverte d’un jardin. Bien qu’il figure parmi les classiques de la littérature jeunesse, son message est universel et parlera à tous les âges. Sa lecture devrait être prescrite chaque année car c’est un roman qui invite à se retrouver, à se reconnecter à soi, et à observer la beauté de la nature qui nous entoure. A mon sens, il peut aisément remplacer la lecture d’un énième livre de développement personnel, c’est bien plus poétique!
Pour terminer cette entrée de journal, une dernière description du jardin à son apogée :
“They always called it Magic, and indeed it seemed like it in the months that followed - the wonderful months - the radiant months - the amazing ones. Oh! the things which happened in that garden! If you have never had a garden, you cannot understand, and if you have had a garden, you will know that it would take a whole book to describe all that came to pass there.
At first it seemed that green things would never cease pushing their way through the earth, in the grass, in the beds, even in the crevices of the walls. Then the green things began to show buds, and the buds began to unfurl and show colour, every shade of blue, every shade of purple, every tint and hue of crimson. In its happy days flowers had been tucked away into every inch and hole and corner. Ben Weatherstaff had seen it done and had himself scraped out mortar from between the bricks of the wall and made pockets of earth for lovely clinging things to grow on. Iris and white lilies rose out of the grass in sheaves, and the green alcoves filled themselves with amazing armies of the blue and white flower lances of tall delphiniums or columbines or campanulas.”
(Chapitre 23, p. 287)7
31 mai - Bilan du mois
Lectures terminées ce mois-ci :
Francoeur - A nous la vie d’artiste - Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail
The secret garden - Frances Hodgson Burnett
Miss Buncle’s Book - D.E. Stevenson
Spring - Michael Morpurgo
En cours :
“Après cela, elle ouvrit d'autres portes, et d'autres encore. Elle vit tant de chambres qu'elle commença à se sentir très lasse et à se dire qu'il devait bien y en avoir cent, quoiqu'elle ne les eût pas comptées. Dans toutes il y avait de vieux tableaux et des tapisseries représentant des scènes étranges. Et, dans presque toutes, il y avait des meubles curieux et des ornements bizarres.” (Chapitre 6, p.61)
“A ce moment-là, une chose très heureuse lui advenait. Quatre choses très heureuses lui étaient advenues en réalité, depuis son arrivée au manoir. Il lui avait semblé qu'elle comprenait un rouge-gorge et qu'il la comprenait aussi. Elle avait couru à l'encontre du vent qui lui réchauffait le sang. Elle avait eu faim pour la première fois de sa vie, et elle avait appris à plaindre quelqu'un. Elle était en progrès.” (Chapitre 5, p.54)
“Le fait de demeurer pour ainsi dire toute seule dans une maison à cent portes mystérieusement fermées, n'ayant absolument rien pour s'amuser, avait fait travailler son cerveau oisif, et éveillait maintenant son imagination. Sans aucun doute, l'air frais, fort et pur de la lande y contribuait beaucoup. Elle y avait gagné de l'appétit, le vent avait fait circuler son sang anémié et, à présent, la même influence stimulait aussi son intelligence. Aux Indes elle s'était toujours sentie trop accablée de chaleur et de fatigue pour se soucier de quoi que ce fût, mais ici elle commençait à s'intéresser à bien des choses, à avoir envie de s'occuper. Ainsi, madame Mary se sentait moins « contrariée » par son entourage sans savoir pourquoi.” (Chapitre 8, p.73)
“Elle entendit un petit cri, puis un gazouillement et, quand elle regarda la plate-bande dénudée qui s'étendait à gauche de l'allée, elle le vit sautiller par là, faisant semblant de becqueter le sol pour lui faire croire qu'il ne l'avait pas suivie. Mais elle savait à quoi s'en tenir, et la surprise qu'elle en éprouva la remplit de joie.
— Tu me reconnais ! cria-t-elle, oui ! tu es ce qu'il y a de plus joli au monde.
Elle se mit à gazouiller, à lui parler, à le cajoler, et il sautillait et déployait sa queue avec de petits pépiements. Il paraissait causer avec elle. Son gilet rouge semblait du satin et il gonflait sa petite poitrine avec tant de grâce, et d'un air si imposant, qu'il avait l'air de vouloir lui montrer quel important personnage un rouge-gorge pouvait être et combien semblable à un être humain.” (Chapitre 7, pp. 69-70)
“L'orage était fini, la brume grise et les nuages avaient été balayés par le vent pendant la nuit. Le vent lui-même avait cessé et un ciel radieux, d'un bleu profond, s'élevait au-dessus de la lande.
Aux Indes le ciel était ardent et comme embrasé ; celui-ci était d'un bleu à la fois intense et limpide et semblait scintiller comme les eaux d'un beau lac insondable ; çà et là, bien haut, bien haut dans la voûte azurée, flottaient de petits nuages comme une toison neigeuse.” (Chapitre 7, p. 65)
“C'était l'endroit le plus étrange et le plus charmant qu'on pût rêver. Les murs élevés qui l'entouraient étaient tapissés de branches de rosiers grimpants dénudées, mais si abondantes qu'elles s'enchevêtraient. Mary Lennox savait que c'étaient des rosiers, parce qu'elle en avait vu des quantités aux Indes.
Le sol était tout couvert d'herbe d'un brun hivernal et parsemé de petites touffes de buissons qui étaient sûrement des rosiers s'ils vivaient encore. Il y avait des masses de rosiers en buissons, dont les branches avaient poussé si haut qu'ils semblaient de petits arbustes. Il y avait aussi d'autres arbres dans le jardin, et une des choses qui contribuaient le plus à donner à celui-ci une étrange beauté, c'est que les rosiers grimpants avaient envahi les autres arbres et jeté de longues pousses qui formaient de légers rideaux mobiles, s'entrelaçant entre elles çà et là ou s'enroulant autour d'une branche allongée, s'élançant d'un arbre à l'autre et dessinant des ponts gracieux. Ces pousses ne portaient ni feuilles ni fleurs, et Mary ne savait pas si elles étaient mortes ou vivantes, mais leurs minces tiges, grises ou brunes, tissaient une sorte de manteau délicat sur les murs, les arbres et même l'herbe desséchée qu'elles recouvraient en partie en rampant sur le sol. C'étaient ces guirlandes légères lancées d'arbre en arbre qui donnaient au jardin un air de mystère. Mary avait bien pensé qu'il serait différent de tous les autres, ayant été abandonné si longtemps et, en vérité, il ne ressemblait à aucun endroit qu'elle eût vu de sa vie.” (Chapitre 9, pp. 81-82)
“Ils ne cessèrent pas de parler de magie. Et, en vérité, ce mot ne sembla pas déplacé pendant les mois qui suivirent - mois merveilleux, mois radieux, mois miraculeux ! Oh !... les choses qui advinrent à ce Jardin ! Si vous n'avez jamais eu de jardin, vous ne pouvez le comprendre, et si vous en avez un, vous saurez qu'il faudrait un volume pour décrire tout ce qui s'y passa.
Les graines que Dickon et Mary avaient semées poussaient comme si la magie s'en mêlait. Des pavots satinés de toutes nuances dansèrent par centaines sous la brise, défiant gaiement les fleurs qui vivaient dans le Jardin depuis des années et qui semblaient se demander, il faut l'avouer, comment ces nouvelles venues avaient pu s'introduire dans l'enclos. Et les roses... les roses ! Jaillissant du gazon, enlaçant le cadran solaire, grimpant les murs et s'y répandant en longues guirlandes qui retombaient en cascades, elles ressuscitaient de jour en jour, d'heure en heure. D'exquises feuilles fraîches, des boutons d'abord imperceptibles, puis gonflant et grossissant comme par enchantement, jusqu'au jour où ils éclataient et formaient des coupes parfumées, qui débordaient soudain et remplissaient l'air de leurs effluves.” (Chapitre 23, p. 227)
La traduction du deuxième paragraphe n’est pas du tout fidèle au texte original…
NB : Tous les passages en français sont extraits de l’édition 2020 du texte publiée chez Archipoche (Texte intégral).






Le Jardin Secret a toujours fait parti de mes livres préférés. Je le recommande à tout le monde et celles et ceux qui prennent le temps de le lire en ressortent enchantés ... Il est un peu magique ce livre je trouve 🥰 - Très chouette cette lettre, j'aime bien ce format journal de lecture !
J’ai passé un agréable moment à te lire
🥰
Tu me diras quand les livres seront en français 😍
Merci à toi