C’est un sentiment étrange de débuter un blog en 2023, presque anachronique. Mais j’ai toujours éprouvé beaucoup de nostalgie pour la « grande période des blogs », et encore davantage ces dernières années où tout semble aller tellement vite que j’ai l’impression de me noyer dans le contenu des réseaux, et plus particulièrement celui d’Instagram. Quand j’ouvre l’application, j’ai la sensation de me trouver au beau milieu d’un marché où des milliers de personnes crient et marchandent à tue-tête, et moi au milieu, à tenter de jouer des coudes et faire entendre ma (toute) petite voix. C’est aussi très épuisant psychologiquement, en terme de rythme de publication, mais aussi de comparaison.
Ce sentiment de cacophonie m’a souvent fait penser qu’un jour, les blogs reviendraient. Car je me dis que je ne dois pas être la seule à ressentir ce trop-plein, à avoir envie d’écouter – de lire – une seule voix à la fois, de choisir de me connecter à un univers sans me sentir parasitée par des milliers d’autres, aussi riches soient-ils. A avoir envie de lire des contenus qui soient plus longs, plus personnels et plus enrichissants.
En tant que créatrice, c’est également extrêmement frustrant, et difficile à vivre parfois, de voir des créations dans lesquelles nous avons mis tout notre coeur et énergie, ne vivre que quelques heures, ou au mieux, quelques jours. J’ai toujours aimé écrire, et ai tenu plusieurs blogs où je partageais mon quotidien, mes petits bonheurs, mes découvertes mais aussi et surtout mes lectures. Même si aujourd’hui il m’arrive parfois d’écrire pour moi, c’est une habitude que j’ai plus ou moins perdue à la faveur des réseaux sociaux.
Dernièrement, j’ai exprimé sur Instagram mon envie de renouer avec l’écriture, et le blog plus particulièrement. J’ai essayé d’y répondre en publiant quelques posts « Journal de création » où je m’exprime un peu plus longuement sur mon processus créatif. Mais ça ne comble pas vraiment le manque, parfois difficilement identifiable, que je ressens. Je reste persuadée qu’aujourd’hui, j’ai besoin de me créer un « lieu à moi » où je puisse m’exprimer et partager mon travail sans contraintes telles que le nombre de mots ou de photos. J’ai envie d’un endroit où je me sens véritablement chez moi, où le temps s’écoule plus lentement, où les personnes intéressées par mon univers se sentent bien, et aient envie de rester un moment. Un lieu moins fréquenté mais peut-être plus authentique.
Alors je cesse de me dire que j’aimerais me remettre à bloguer, et je le fais. Un acte un peu à contre-courant des tendances actuelles mais qui trouvera, je l’espère, un écho parmi ceux en quête d’un endroit plus calme, où rester le temps d’une tasse de thé entière.